L'artefact: Lazare en guerre by Jamie Sawyer

L'artefact: Lazare en guerre by Jamie Sawyer

Auteur:Jamie Sawyer [Sawyer, Jamie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Amazon: B01MTXREDO
Éditeur: L'Atalante
Publié: 2017-01-26T23:00:00+00:00


La conversation avec Blake m’avait mis sur les nerfs. À une époque, moi aussi je ressassais chaque transition. Pour la plupart des opérateurs de sims, c’était un cap à franchir. Ça l’avait été pour moi, au cours des premières années, en poste sur Azur. Dans le cas de Blake, je soupçonnais un problème plus profond. Je n’étais pas persuadé qu’il réussirait à le surmonter.

J’errai dans les couloirs comme un fantôme, comme le seul éveillé dans un vaisseau où tous les autres sont en hypersommeil. Contrairement à mon expérience sur l’Oregon, c’était bien réel.

Les nuits sur Hélios étaient terriblement longues. Noires, froides et bruyantes.

Mais ce n’était pas le vent qui me tenait éveillé. Je me mentais à ce sujet. Autre chose était tapi dans mon crâne.

Ma tête me faisait souffrir plus encore que mes côtes et ma jambe. Plusieurs heures après que Blake fut enfin parti se reposer, je dévalisai les armoires à pharmacie du module, à la recherche d’antalgiques.

Je trouvai une salle d’eau abandonnée. Les murs étaient poussiéreux, sales, et les cabines de douche avaient séché depuis longtemps. Ça puait la merde et la pisse. Le dernier nettoyage précédait largement son abandon. Appuyé sur le fusil, je boitillai jusqu’à l’un des lavabos noircis. Au plafond, une lampe électrique s’alluma en clignotant. Manifestement, on n’avait pas coupé toute l’alimentation de l’habitat. Mon reflet fracturé apparut dans un miroir brisé. Une centaine d’images minuscules de moi me contemplaient : voûté, tremblant, fatigué.

Quarante et un ans maintenant. Grâce aux congélos. Bien trop vieux pour ces conneries.

La douleur me vrillait la tête, presque incapacitante. L’espace d’un instant, je crus que j’allais vomir. Inutile d’appeler les autres et de les réveiller pour une bête migraine. C’est sans doute une conséquence du crash, raisonnai-je. Ou peut-être un effet secondaire persistant de l’hypersommeil. Ma sortie d’hibernation était encore récente.

Il me faudrait vraiment un petit verre. C’était sûrement ça : j’avais besoin d’un verre. Je n’avais pas bu depuis des jours, depuis le Cap.

J’ouvris l’un des flacons en plastique, à demi plein d’antalgiques, et en renversai le contenu au creux de ma main. Je les gobai rapidement, sans eau. Peu importait : il s’agissait de comprimés à l’ancienne et non de médicaments intelligents comme j’en avais l’habitude.

Je me regardai un long moment dans le miroir. Je ne cessais de me répéter que la douleur dans ma tête allait partir, que ce n’était rien de plus qu’une migraine.

Mais tu sais parfaitement ce que c’est.

Quand je fermais les yeux, j’entendais l’Artefact. Un son braillard et des parasites répétés en boucle. Il y avait quelque chose derrière ce bruit, quelque chose de terriblement familier mais que je n’arrivais pas à situer. Comme les vestiges d’un rêve qui me rongeaient intérieurement.

Une sonorité, une mélodie…

Voilà ce qui provoquait ma souffrance. Pas un obscur processus biologique. C’était plus profond, et aucun antalgique ne pouvait l’atteindre.

Ce n’est pas juste un bruit. C’est une transmission, un signal. Du langage.

J’ouvris les yeux et fixai de nouveau le miroir. Comme un œil d’insecte, il me renvoyait de minuscules images de tous ceux qui avaient péri sur l’Oregon.



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